Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Non à l’utilisation de la condition salariale comme variable d’ajustement !

7 Avril 2014 , Rédigé par Cercle Albert de Mun

S’il n’est évidemment « de richesses que d’hommes », pour citer Jean Bodin, le contexte économique particulièrement tendu appelle tout de même à la mesure politique et à protéger, autant que faire se peut, les conditions salariales les plus élémentaires, comme le Salaire Minimum. Hélas, trois fois hélas, cette évidence sociale se trouve régulièrement niée par les néo-libéraux qui, à la suite de l’économiste Milton Friedman, pense que le SMIC est « une forme de discrimination contre les travailleurs sans qualification ». Pour eux, la misère trouve sa justification dans la lutte contre la discrimination : belle mentalité…

Récemment, le journal The Economist s’est donc attardé sur cette diminution du SMIC qui aurait, selon certains économistes, l’immense avantage de soulager l’économie nationale, lui redonnant compétitivité et attractivité. Vaste chimère à l’évidence, mais qui semble même trouver écho chez certains « socialistes » patentés, comme l’ancien commissaire européen Pascal Lamy pour qui « à ce niveau de chômage, aller davantage vers de la flexibilité et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au Smic ». Nulle remise en cause de l’aberrante fiscalité socialiste ou du libre-échange européen : pour l’ex-directeur de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le salut passera par l’abandon, économique, des classes les plus pauvres.

En économie, cette volonté peut aisément se comprendre et avait déjà été expliquée par René de la Tour du Pin, dans ses Aphorismes de Politique Sociale : « Pour les économistes ploutocrates qui considèrent le travail comme une marchandise, le salaire est juste lorsqu’il est déterminé, ainsi que toute valeur marchande, par le rapport courant de l’offre à la demande, c’est-à-dire réglé par la concurrence ». Cette concurrence, c’est le nombre de chômeurs : pour les néo-libéraux, plus il augmente, plus le SMIC devrait inéluctablement baisser…

La condition salariale devient donc la variable d’ajustement économique : l’adage « travailler plus pour gagner moins » reste cruellement d’actualité. L’économique coupé du social en devient contre-productif et dangereux : tant que les économistes ploutocrates n’auront pas assimilé le rôle profondément social du SMIC, à savoir assurer la subsistance du travailleur et de sa famille, le danger d’une paupérisation de la société se trouvera quotidiennement renforcé.

« Ce sont encore les Pharisiens modernes, les libéraux, qui ne craignent pas de chercher ainsi jusque dans l’Évangile la justification des maux sociaux issus de leurs principes et de leurs pratiques ; car c’est le régime du capitalisme qui a engendré le paupérisme, inconnu dans l’ordre social chrétien »

 René de la Tour du Pin

Non à l’utilisation de la condition salariale comme variable d’ajustement !
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article